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28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 21:47



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... Théodule expliqua qu'Emmanuel Résidore s'était engagé à réaliser les projets de M. Drapeur avec toute son habileté d'entrepreneur de spectacles et non sans espérer qu'il tirerait profit d'Hélène pour monter certains films. En un rien de temps, Hélène avait été conquise. Cette nouvelle vie la changeait de la routine austère où elle était maintenue par M. Drapeur. Elle ferait du cinéma et, du même coup, elle croyait ainsi courir sa meilleure chance de revoir Maman Jenny.
... Elle était prisonnière plus que jamais. Occupée du matin au soir à répéter des rôles, à faire de la gymnastique, à conduire des autos de course. Par surcroît, Résidore avait l'intention de la spécialiser dans des rôles acrobatiques. Pour quelle raison, il n'en savait rien lui-même.
... Chaque jour, on la conduisait aux studios. A une vingtaine de kilomètres au sud, des actionnaires avaient monté une petite Cité du cinéma, où les metteurs en scène pouvaient bénéficier de studios spacieux et de tous les paysages d'une région extrêmement variée. Théodule connaissait bien cette Cité bâtie à la limite du bourg de Chemy. Il fallait certes louer M. Résidore et ses comparses d'avoir voulu réaliser d'excellentes conditions pour leurs films. En tout cas, ce lieu de féerie ne pouvait que séduire Hélène. Elle assistait aux prises de vues et l'on promettait de la faire participer à un film, dès qu'elle aurait appris les éléments du métier qu'un vieil acteur se chargeait de lui inculquer sous la direction éminente de M. Résidore.
... A tout instant, Hélène était étroitement surveillée sans qu'elle s'en doutât. Elle serait de plus en plus isolée dans ce milieu nouveau. personne ne pouvait lui parler dans la permission de M. Résidore. Cet après-midi même, Parpoil état revenu au château dans un état piteux. Il racontait qu'il avait surpris dans le bois le jeune Fontarelle, et que celui-ci avait pour complice un homme de forte taille, monté sur un cheval pie. Parpoil avait été attaqué et jurait ses grands dieux que Gaspard servait d'indicateurs à quelque bandit qui cherchait à faire un coup de main au château.
... - Voilà les dernières nouvelles, conclut Théodule. Moi-même je ne suis plus autorisé à entrer au château et mon père, avec un goût des dispositifs ébouriffants, a fait venir ce soir les électriciens de la Cité pour mettre des sonneries dans tous les recoins de son palais.
... Jamais Hélène ne pourrait connaître les mensonges dont on l'entourait:
... - Si elle savait... disait Gaspard.
... - J'ai vu les yeux d'Hélène, lorsqu'elle est venue rôder par ici pour la première fois, dit Théodule. Je ne peux croire qu'elle renie un jour sa famille et tout ce qui lui est cher pour jouer la comédie...
... Théodule appela le vieux Marval et la servante. Il leur demanda de servir d'interprètes et pria Gaspard de conter tout ce qu'il savait sur Hélène. Il y eut alors une longue séance. Grâce à une mimique éperdue, les deux serviteurs s'efforcèrent de conter, d'après Gaspard, l'histoire d'Hélène, la découverte du livre d'images qui témoignait du grand pays, le voyage aux Bermudes, la chute et la maladie d'Hélène, le départ de Niklaas, de Ludovic et de Jérôme avec Gaspard sur les chemins de Belgique, enfin les adieux d'Hélène à Gaspard et la maladie du vieux cheval.
... - Il faut aller chercher Niklaas et ses garçons, dit Théodule. On soignera son cheval ici...
... Théodule se réjouit beaucoup à la pensée de revoir Ludovic et Jérôme avec lesquels il avait fait de bonnes parties sur l'Escaut jadis, pour finalement subir avec eux cette terrible explosion qui l'avait rendu sourd, tandis que Jérôme éprouvait une peur chronique et Ludovic une colère inextinguible.
... - Comme je serais heureux de leur serrer la main, disait Théodule.
... - Il y a encore le cheval pie, dit Gaspard.
... Il y eut de nouvelles explications animées à propos de la présence de ce cheval dans les forêts des environs.
... - C'est extraordinaire, dit Théodule, cette affaire de cheval pie qui t'a emporté, qui a démoli une boutique de vaisselle et qui a chassé Parpoil aujourd'hui même. Un cheval vicieux peut-être...
... Gaspard et Théodule éprouvaient néanmoins un certain effroi à parler du cheval, ainsi qu'il arrive lorsqu'on touche à l'inexplicable.
... - Comment prévenir Hélène? reprit Théodule.
... - N'est-elle pas heureuse, après tout? répondait Gaspard. De quoi se mêle-t-on? Je pense que je n'ai plus qu'à retourner à Lominval. De toute façon l'histoire est finie. Jamais plus...
... Théodule ne comprit rien cette fois, malgré les signes explicatifs de Marval et de la servante. Cependant il lut la tristesse sur le visage de Gaspard...
... - Dieu sait ce qui peut arriver, dit-il. Nous irons d'abord chercher Niklaas...


...............................................................................   à suivre  ...

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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 21:58



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... Version de Théodule Résidore...


...  Drapeur, conseillé par son secrétaire, a prié mon père d'accueillir Hélène et de lui raconter des histoires propres à la persuader qu'elle apprendrait au château des nouvelles de sa famille. Bref, favoriser ses idées tout le temps qu'il faudrait, jusqu'à ce qu'elle oublie ses rêves qui n'avaient pas de sens, son pays qui n'existait pas, sa famille dispersée ou perdue. J'ai appris aussi que Parpoil vous avait espionnés, toi et Hélène, dans le jardin de Temschen. Il a eu l'audace de laisser Hélène filer avec toi, pour mieux la tromper. Il est arrivé avant vous au château de Résidore.
... Théodule frappa du poing sur la table:
... - Ils ont raison. Ce n'est pas à nous de savoir ce que nous avons à faire. Ils ont tort tout de même de ne pas faire attention quelquefois à une idée d'enfant. Hélène a un pays qu'elle doit retrouver. mon père a été remué lorsque Hélène lui a parlé de son pays. Mais il prétend qu'il doit se méfier de sa sensibilité .
... - Quel pays? demanda Gaspard. On ne peut pas rêver mieux que le parc, avec le lac, les palmiers et les bouleaux. Et j'ai bien lu le nom de Jenny écrit sur un volet.
... Théodule écoutait maintenant les paroles de Gaspard avec une attention extrême. le nom de Jenny lui parvint: 
... - Jenny existe, tu m'entends? J'en jurerais. Ce n'est pas chez mon père qu'on la trouvera. Il y a quelque chose à comprendre, qu'on n'a pas compris encore...


...................................................................................  à suivre  ...

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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 22:30



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... Comment n'avait-il pas songé à lui dans toutes ces conjonctures? Si le père laissait son fils vivre à l'écart, n'ayant sans doute pas trouvé dans sa progéniture de quoi satisfaire des ambitions étincelantes, néanmoins il y avait certainement entre eux des relations affectueuses, car l'un et l'autre montraient d'excellents sentiments. Gaspard pouvait à tout moment trouver conseil et appui auprès de Théodule Residore. Il arriva devant la maison comme la nuit tombait.
... Théodule lui-même ne faisait que rentrer. Comme  Gaspard s'avançait, il vit une camionnette qui débouchait du bois et d'où Théodule descendit ainsi que Marcel son vieil employé. Théodule accueillit le garçon sans montrer aucune bienveillance.
... - Bonsoir, Gaspard Fontarelle, dit simplement Théodule. Tu viens bien tard.
... - C'est par hasard, dit le garçon. Je ne fais que passer. Je retourne à Lominval.
... Théodule demeurait aussi sourd que lorsque Gaspard lui avait fait sa première visite.
... - Entre, dit Théodule. Pourquoi ne m'as-tu jamais donné de nouvelles de l'enfant d'Anvers.
... - Je peux t'en donner maintenant.
... - Trop tard, disait Théodule, beaucoup trop tard. Les électriciens sont au château.
... Il laissa Gaspard tout interdit de cette nouvelle qui n'avait aucune signification, et il appela la servante pour qu'elle leur servit le repas sur-le-champ. Gaspard vit avec joie la femme poser une soupière fumante sur la table de la cuisine. Théodule ne disait plus rien et Gaspard chercha vainement à lui conter des bribes de son histoire. L'autre était muré dans sa surdité. Peut-être saisissait-il à tout hasard certains mots, mais ces mots n'avaient pas le don d'éveiller sa curiosité.
... Quand on eut mangé l'omelette, la servante apporta un bol plein de groseilles à maquereau.
... - Je viens du château, dit enfin Théodule de sa voix de fausset. Mon père n'a pas de cervelle. Qui a jamais eu de cervelle dans notre famille? Nous avons bavardé une bonne heure. mais c'est la dernière fois que j'entre moi-même dans son salon. J'ai connu toute l'histoire il y a trois jours. Un domestique m'avait prévenu. J'ai questionné mon père qui a été charmant comme toujours. Quoique j'aie bien déçu ses ambitions, il reste charment avec moi. Il a eu la patience de m'écrire sur un papier tout ce que je ne pouvais pas saisir par signes.
... - Que s'est-il passé? demanda Gaspard sans aucun espoir d' être entendu.
... - Ce qui s'est passé? répliqua Théodule.
... Ses mots avaient par miracle traversé le plomb qui lui bouchait les oreilles.
... - Je me doutais bien que l'enfant d'Anvers était une fille, reprit-il. J'ai réussi à la voir de loin dans le parc du château. J'ai reconnu l'enfant fugitif. Mon père m'a enfin expliqué qu'un nommé Gaspard Fontarelle avait conduit Hélène Drapeur au château, où elle espérait retrouver des traces de sa famille. Mais il a téléphoné à Drapeur après ta première visite...

..............................................................................  à suivre  ....

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25 janvier 2010 1 25 /01 /janvier /2010 22:45



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... L'homme avait fait demi-tour, mais le cheval l'eut bientôt rattrapé et se mit à le mordiller aux épaules et aux reins. Parpoil s'était lancé dans une fuite éperdue le long du sentier. Il appelalit vainement au secours. Le cheval le talonnait et déchirait ses vêtements. Gaspard s'était mis lui-aussi à courir à leur suite pour savoir ce qui allait advenir.
... Parpoil était en proie à une telle épouvante qu'il disparut bientôt avec le cheval au milieu des bois. Au bout d'une demie-heure, le garçon parvenait à un carrefour, et là il vit le cheval pie qui broutait l'herbe paisiblement. L'homme avait disparu. Gaspard s'approcha doucement du cheval qu'il reconnut. En somme, c'était un cheval comme tous les autres. Il avait simplement des caprices sauvages. Un cheval abandonné ou perdu, ainsi que le disait Niklaas.
... L'animal releva la tête et secoua sa longue crinière. Ses yeux brillaient comme un doux feu. Il laissa Gaspard s'approcher. Gaspard le saisit par le cou dans ses bras et enfouit son visage au milieu de la crinière. Gaspard aurait voulu lui dire ceci.
... - Mon cheval, je ne reverrai plus Hélène. Montre-moi de nouveau les beaux pays, la forêt, la Meuse, et fais-moi retrouver Hélène.
... Le cheval n'avait pas bougé, et semblait attendre que le garçon disposât de lui. Gaspard se décida à sauter en croupe. Au moment où il appuyait ses mains sur les flans du cheval, celui-ci se déroba soudain et s'en fut au petit trot par une grande allée. Gaspard le regarda tristement qui s'éloignait.
... A une centaine de pas, le cheval s'arrêta et tourna la tête. Gaspard s'avança de nouveau, et de nouveau le cheval prit le petit trot pour s'arrêter un peu plus loin. Ainsi ils parcoururent deux à trois kilomètres sous les futaies. Enfin le cheval s'élança à travers bois...
... Gaspard, bien qu'il ne pût espérer le rejoindre, s'obstina dans cette vaine poursuite. Quand il l'eut perdu de vue, il ne cessa pas de courir. Il parvint à bout de souffle à une lisière, et s'effondra dans l'herbe, tandis qu'il entendait encore un galop lointain et sourd sur l'humus des bois.
... Gaspard resta longtemps étendu. L'après-midi entier s'était écoulé. le soleil touchait déjà la cime des forêts.
... - Je trouverai bien la pente, se disait Gaspard, et je descendrai sur la Meuse. Je dormirai dans la salle d'attente de Vireux...
... Il avait perdu sa musette, et il cervait de faim. il mangea quelques mûres qu'il trouva dans les ronces de la lisière, après quoi il chercha à s'orienter.
... Il se trouvait sur la bordure d'une longue prairie encastrée dans un golfe de la forêt. Les fleurs y étaient répandues à profusion. A son extrémité la prairie s'élargissait et donnait sur des terres assez vastes au fond desquelles s'élevait une maison. Gaspard se dirigea de ce côté, et dès qu'il fut arrivé au bout de la prairie il reconnut la maison de Théodule Residore, le propre fils d'Emmanuel...

.........................................................................  à  suivre  ....

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24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 21:58



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... Suite...


... Gaspard se démena avec tant de violence que des tentures se décrochèrent alentour et embarrassèrent son ennemi. Il réussite à dégager sa main. Il se réfugia sous un monceau de tables alignées, puis il tâcha de regagner le mur du grenier.
... Une fois encore Parpoil se manifesta. Comme Gaspard passait devant une comtoise vide, il aperçut le visage de l'homme à la place de l'horloge, et ses mains qui étaient derrière le carreau du balancier ouvrirent brusquement la petite porte. Parpoil s'élança en criant: " Je te tiens, mon garçon." Gaspard recula pour échapper à l'étreinte et son talon buta sur des tringles à rideaux. Il tomba à la renverse. Parpoil lui-même tomba. Gaspard fut le premier relevé. A ce moment, juste devant lui, se présenta un petit escalier. Il se laissa glisser sur la rampe. C'était l'escalier même par lequel il s'était introduit. Il retrouva la lucarne qu'il escalada, puis il s'accrocha à la gargouille, par où il dégringola dans l'herbe de l'arrière-cour.
... Il n'était pas cependant au bout de ses peines. Il courut dans le parc, jusqu'aux premiers bois, franchit deux taillis, retrouva un sentier, mais, comme les bois enveloppait le parc de toutes parts, Gaspard ne sut  quelle direction suivre. A tout hasard, il prit à gauche. Il n'avait pas fait cent pas qu'il voyait Parpoil qui venait à lui. Pourquoi cette obstination à le poursuivre? Quelle importance y avait-il à se saisir d'un jeune garçon qui ne demandait qu'à disparaître sans espoir de retour? " Tu ne m'échapperas pas " cria Parpoil encore.
... Il ne restait à Gaspard qu'à courir de toutes ses forces dans le sentier. Il hésitait à se jeter dans les bois qui était encombrés d'épais fourrés où il risquait de s'empêtrer. Mais ce sentier semblait d'une longueur désespérante. Parpoil perdit peu de terrain. Il paraissait se ménager comme s'il avait la certitude que le garçon succomberait tôt ou tard à la fatigue.
... Ces bois qui entouraient le château n'étaient pas moins bizarres que le château lui-même. le sentier aboutissait à une clairière ronde assez peu étendue et qu'il était impossible de franchir. Gaspard se trouva bientôt acculé au fond de la clairière.
... Tout se qu'il pouvait espérer, c'était de retarder le moment où Parpoil  l'appréhenderait. Dans ce lieu , qui avait dû jadis servir à des réunions intimes, s'élevaient ici et là de hauts chardons, des haies d'épilobes et des buissons de camérisiers. Gaspard tenta de déjouer l'homme parmi ces obstacles. Il dut bientôt y renoncer car il se fourvoya entres des buissons accolés à la charmille. Il fut obligé de faire face à Parpoil qui se tenait immobile à dix pas de lui et jouissait de son triomphe.
... - Maintenant, jeune homme, nous allons nous expliquer, dit-il. Je vais couper une bonne branche et te fouetter jusqu'à ce que tu comprennes qu'il faut se mêler de ses propres affaires. Entends-moi bien, jeune homme, si tu meurs sous les coups, personne ne le saura jamais, et si tu te réveilles tu te débrouilleras pour fuir à tous les diables. Non pas que je veuille te tuer. Une simple leçon où tu risqueras ta vie avec plaisir, puisque tu aimes les aventures. Entends-moi bien, jeune homme, il n'y a rien de plus beau que les rêves, comme tu disais. Hélène est en train de rêver en ce moment. Il ne faut pas la troubler.
... Que voulait dire Parpoil? Gaspard le regarda en face. Le visage encadré de barbe rousse était animé d'un sourire mielleux. Mais soudain ce visage changea d'expression. Gaspard y lut l'étonnement, puis les yeux s'agrandirent d'effroi en même temps qu'on entendit un bruit pareil à celui d'une bourrasque qui se serait soudain élevée au milieu des feuillages. Une grande ombre passa au-dessus des buissons devant Gaspard qui vit alors un cheval pie retomber sur ses sabots et s'élancer sur Parpoil...

..............................................................................  à suivre  ....

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23 janvier 2010 6 23 /01 /janvier /2010 22:47



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... Où va Gaspard???...

... Au bas de l'escalier, un homme venait à sa rencontre. Il avait mis le pied sur la première marche. Gaspard n'était séparé de lui que par une douzaine de degrés. L'homme s'était arrêté. Ses yeux exprimaient la cruauté et la moquerie. Gaspard avait reconnu sans hésitation la figure de Parpoil... encadrée d'une barbe rousse. Parpoil et Gaspard demeurèrent immobiles pendant une seconde, après quoi Gaspard tourna les talons et regrimpa l'escalier quatre à quatre.
... Du moment que Parpoil se trouvait au château, il n'y avait pas de doute qu'Hélène serait de quelque manière victime de ses combinaisons. Gaspard ne pouvait d'abord songer qu'à se mettre hors d'atteinte. Sans réfléchir, il monta jusqu'au palier. Là il poussa une porte. Derrière cette porte, un nouvel escalier aboutissait au grenier.
... Jamais Gaspard n'avait vu un tel grenier. C'était une jungle où l'on apercevait des armoires, des caisses, des baldaquins, des piles de baquets, des rangées de perruques et même des harpes. Il se jeta dans ce fouillis avec un sentiment d'espoir. Jamais personne ne l'y retrouverait. Il plongea d'abord derrière une malle et s'appliqua à faire le tour du grenier jusqu'à ce qu'il arrivât à une nouvelle issue qui lui permit de gagner les étages inférieurs et l'air libre. Il entendit bientôt les pas de Parpoil qui cherchait ici et là, avec hâte. Puis le silence se fit. Gaspard s'avança à quatre pattes derrière les caisses, et se faufila entre deux armoires. A l'extrémité de ce passage, il y avait un mannequin sans tête, vêtu d'un habit de soirée mangé aux mites. Au moment où Gaspard débouchait du passage, la tête de Parpoil apparut au dessus du mannequin, comme si le mannequin lui-même avait soudain sorti sa tête. Gaspard sentit des picotements sous la plante des pieds et rebroussa chemin. Il eut le bonheur de rencontrer des tentures entre lesquelles il se glissa. Il y avait des dizaines de tentures suspendues à des fils de fer. Gaspard résolut de rester immobile à cet endroit pendant des heures s'il le fallait.
... Le silence continuait à régner dans le grenier. Au bout d'une demi-heure, Gaspard fut pris de crampes et se coula sous les tentures afin de se dégourdir un peu. Il parvint dans un étroit espace libre entouré de bandes de soie avec des dessins japonais. Gaspard poussa une des bandes de soie, juste à l'endroit où se dessinait la main brodée d'un personnage. Il fut soudain atrocement paralysé lorsqu'il vit et sentit cette main qui saisissait la sienne. Parpoil était derrière la bande de soie, le tenant à sa merci...

..................................................................................  à suivre  ....

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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 22:28



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... Gaspard rentrera-t-il un jour à Lominval???... 

... Ce sentier se perdait au milieu des acacias où Gaspard, avec Jérôme et Ludovic, s'était empêtré, lors de leur première expédition. Il franchit le mur à travers une trouée, mais au lieu de chercher à rejoindre le ruisseau, il suivit le mur dans la direction opposée, jusqu'à une vieille porte où aboutissait un chemin encombré de ronces. Le chemin le mena derrière le château.
... De ce côté, les bâtiments semblaient inhabités. Gaspard escalada une gargouille et atteignit au premier étage un oeil-de-boeuf dépourvu de carreau. Il s'y glissa la tête la première, et par bonheur ses mains rencontrèrent la rampe d'un escalier de bois, où il put sauter sans faire trop de bruit. Il demeura un moment immobile afin de s'assurer que personne ne l'avait entendu, puis il descendit l'escalier.
... Cet escalier n'aboutissait pas au rez-de-chaussée, mais dans un sous-sol. Des quantités de légumes s'y trouvaient rangés sur des claies. Plus loin, le sous-sol n'était qu'une salle immense peuplée de piliers de pierre. Gaspard l'explora afin de trouver un escalier plus important qui le menât dans une région habitée. Il espérait se tenir aux aguets à l'angle de quelque couloir ou derrière un meuble, et attendre qu'Hélène vînt à passer afin de la voir par surprise et de lui parler une dernière fois à l'insu de tous, comme à Lominval et comme sur le pont du yacht. L'escalier qui se présenta à lui était en pierre. Il le monta, mais à chaque étage il aboutissait à des paliers étroits sur lesquels donnaient des portes fermées à clef. Gaspard dut aller jusqu'au quatrième pour trouver une pote ouverte. Il pénétra dans une pièce qui était une salle de billard, en traversa une autre où il y avait trois pianos et des pupitres, et tomba enfin sur un escalier plus important. Lorsqu'il fut redescendu au deuxième, il entendit quelqu'un qui montait et entra dans une salle qui semblait un musée d'habillement. On y voyait des personnages en cire vêtus de toutes sortes de costumes, dames hollandaises, généraux d'empire. Les figures de ces personnages semblaient le regarder et suivre ses démarches. Il quitta cette pièce en hâte. La suivante était occupée uniquement par des masques suspendus aux murs ainsi qu'à des colonnades de bois. Gaspard eut un frisson dans le dos. Il voulut encore se hâter...
... Il se rendit bientôt compte qu'il se trouvait dans une sorte de galerie dont les issues devaient être dissimulées par des tentures sur lesquelles il y avait encore des masques. Il s'efforça de garder son sang-froid. A vrai-dire les masques, malgré leurs regards troués et leurs mâchoires d'animaux, avaient une beauté singulière. L'effroi le pénétrait, mais il se dit qu'il devait les regarder bien en face. Il y avait aussi des figures de pierre et de marbre étrangement paisibles. Gaspard découvrit une tête immense enveloppée d'une chevelure de paille et qui avait des yeux comme des rubis et la bouche grand ouverte. Il se contint et regarda la grande figure. Au milieu de la bouche il y avait un bouton de porte. Doucement, malgré sa craibte, il le saisit et un vantail s'ouvrit sur un vaste palier qui devait appartenir à l'escalier central. Gaspard respira... 
... Il résolut de s'avancer avec plus de prudence. La rampe de l'escalier était une rampe à balustres. Il se glissa vers le premier étage. Les degrés étaient couverts de vastes tapis. Gaspard songeait qu'il ne pourrait rien rencontrer de plus terrible que les masques, et cependant lorsqu'il eut dépassé la grande courbe de l'escalier, il fut en présence d'une apparition qui lui glaça le dos... 


..............................................................................  à suivre ....

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21 janvier 2010 4 21 /01 /janvier /2010 21:21



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... Chapitre 11 :                             COMMENT ON EN VIENT 
                                                 A CORRIGER SES DEFAUTS 



... Le lendemain, Niklaas donna de nouveaux soins au cheval, qu'il avait entouré de couvertures, et il eut la satisfaction de constater qu'il se portait beaucoup mieux. Le cheval put se mettre debout et brouter l'herbe.
... - Je crains tout de même que cela le reprenne. Il est bien vieux et les nuits sont fraîches déjà. Il faudrait nous emparer de ce cheval pie.
... - Quel cheval pie?... s'écria Gaspard.
... Je suis allé cette nuit jusqu'à la forêt, dit Niklaas. je ne pouvais trouver le sommeil. Dans l'allée, j'ai vu au clair de lune un cheval pie; peut-être le même que celui que tu as monté malgré toi, Gaspard. C'est un cheval abandonné sans aucun doute.
... Gaspard se souvint que, lorsqu'il s'était perdu dans la forêt avec Ludovic et Jérôme, ils avaient entendu une galopade lointaine.
... - Un beau cheval, dit Gaspard, mais il est sauvage et il ne se laissera jamais atteler.
... On bavarda sur ce sujet une partie de la matinée et l'on déjeuna de bonne heure. Gaspard devait quitter ses amis et rejoindre Lominval. Il leur avait annoncé la veille au soir qu'il partirait au début de l'après-midi. On se préparait à son départ sans rien dire. Quand ils eurent mangé, Niklaas donna à Gaspard une musette garnie de quelques vivres et lui remit un peu d'argent. Ludovic et Jérôme lui firent cadeau de quelques feuillets de leurs chansons comme souvenir.
... - Pour traverser la frontière, tu passeras par la forêt, dit enfin Niklaas. Nous allons t'accompagner jusqu'à un carrefour de sentiers que je connais maintenant. Il y a un sentier qui va vers le château. L'autre descend sur la Meuse du côté de Vireux, où tu prendras le train. Un homme de Treinte m'a indiqué ce carrefour qui est marqué par un grand bouleau. Tu te méfieras. Les douaniers circulent sur la pente, tu prendras à travers bois. Si l'on t'arrête, tu ne risques rien d'autre que d'être renvoyé chez ta tante à Lominval où tu veux aller.
... Ils accompagnèrent Gaspard jusqu'au carrefour, où ils parvinrent après une demi-heure de marche. Ils voulaient aller plus loin mais Gaspard assura qu'il préférait partir seul. Ils se dirent adieu...
... - Tu trouveras plusieurs carrefours encore, dit Niklaas, mais d'après l'homme de Treinte il faut aller tout droit et prendre sur la gauche seulement dans un bois de sapins.
... Gaspard se retourna à deux reprises afin de saluer ses amis, mais bientôt les branchages l'empêchèrent de les distinguer. Il marcha encore pendant deux minutes, puis il s'arrêta. Il ne pouvait oublier que l'autre sentier conduisait au château, et il éprouvait une grande peine à s'en éloigner.
... Il s'assit pour réfléchir. Il revoyait l'enfant tel qu'il l'avait rencontré à Lominval, sauvage et pur dans sa volonté tenace de rejoindre sa famille et son pays. Aujourd'hui Hélène n'était plus cet enfant. Bien qu'elle eût retrouvé le paysage de son enfance et qu'elle eût toutes les chances d'entendre bientôt parler de Maman Jenny, quelque chose allait de travers. Il manquait Maman Jenny, et si Hélène voulait être avec elle un jour, il semblait qu'il aurait mieux valu qu'elle aille à l'autre bout du monde et qu'elle traîne les pires jours de misère que de rester dans ce château.
... Gaspard se perdait en de telles réflexions. Il ne parvenait à rien décider. Malgré les extravagances d'Emmanuel Residore, Hélène avait raison de se fier aux premiers renseignements sûrs qu'on lui eût donnés et elle aurait l'avantage de rester en bons termes avec M. Drapeur.
... - Tout est bien, répétait Gaspard.
... Cependant il éprouvait la nécessité de revoir une fois encore le visage, les cheveux et les yeux d'Hélène. Il revint sur ses pas jusqu'au carrefour. Niklaas et ses garçons s'étaient éloignés. Il écouta longtemps. Il ne put percevoir leurs voix dans le lointain des sous-bois. Après avoir encore hésité, il prit le sentier vers le château et marcha pendant deux grandes heures...

.................................................................................  à suivre ....

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 21:43



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... - Du moment qu'Hélène aura retrouvé son pays.
... - Son pays, reprit Niklaas. J'aurai parié qu'il était encore plus beau que cela.
... - Comment pourrait-il y avoir quelque chose de plus beau? disait Gaspard.
... - Comment? répétait Niklaas en regardant son vieux cheval étendu sur la paille.
... Le samedi suivant, Hélène arriva dans l'auto conduite par Bidivert. Gaspard était allé au-devant d'elle sur la route. Il voulait éviter qu'elle vît l'ennui de Niklaas, et il craignait tout comme Niklaas qu'Hélène les prît en pitié et leur fît quelque don.
... Hélène sauta de l'auto. Elle portait une robe de soie blanche. Jamais Gaspard ne l'avait vue autrement que vêtue d'un pantalon et d'une blouse. Il éprouva une admiration nouvelle.
... - Tout va bien, lui dit-elle tandis qu'ils faisaient ensemble quelques pas sur la route. Je mène une vie active. Beaucoup de sport. Je conduis l'auto de Bidivert, et j'ai déjà visité les studios de cinéma dans la Cité de Chemy. Je suis sûre que je reverrai Maman Jenny. M. Residore m'a promis que nous habiterions ensemble le château.
... - Tu es sûre que tu la reverras?...
... - Absolument sûre, dit Hélène. Nous avons obtenu de nouveaux renseignements.
... - Alors, tes rêves sont réalisés, conclut Gaspard.
... Hélène resta un moment silencieuse.
... - M. Residore veut informer M. Drapeur. Je crois que c'est bien.
... - Tout s'arrangera, dit Gaspard.
... - Tout s'arrangera, reprit Hélène. Et maintenant, toi...
... Gaspard la regarda longuement.
... - Je vais retourner à Lominval, dit-il.
... Elle se hâta de lui assurer qu'elle irait le voir à Lominval. Toutes les fois qu'elle aurait un moment car elle allait être très occupée. Elle voulait travailler pour devenir une bonne actrice.
... - Si tu ne peux venir, ne te tourmente pas, dit Gaspard.
... - Mais si, je viendrai.
... Elle l'embrassa et remonta dans l'auto. Elle fit des signaux à Gaspard pendant les cinq secondes que la voiture mit à gagner la première courbe du chemin. Gaspard retourna auprès de Niklaas. Personne ne lui posa de questions. Jérôme et Ludovic répétaient un air sur leurs instruments. Ils jouaient en sourdine... 


.............................................................................  à suivre ...

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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 22:52



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... Suite de notre roman ardennais...

... Cette salle profonde et luxueusement ornée de broderies chinoises et de sculptures rehaussées d'or, ne comportait que deux rangs de fauteuils. Bidivert, que M. Residore avait appelé, reçut les ordres de son maître et entra dans la cabine pour y passer les séquences qui lui étaient demandées. Hélène assista avec passion à ce défilé d'artistes émouvantes et comme perdues dans leurs tragédies. Gaspard était lui-même livrée à l'admiration, mais il avait aussi le désir de fuir au plus profond de la forêt.
... Après la séance, M.Residore déclara qu'il avait réservé à Hélène un appartement au premier étage, et il considéra Gaspard avec ironie.
... - Il faut que je m'en aille, dit Gaspard.
... Hélène répondit aussitôt:
... - Il faut que tu rejoignes Niklaas. Je t'apprendrai ce que j'aurai décidé.
... - Mais tout est décidé, s'écria M. Residore. Hélène a trouvé sa vocation, sa vraie famille et elle ne tardera pas à avoir des nouvelles de Maman Jenny.
... - Au revoir, dit Gaspard.
... - Nous devrons nous séparer, reprit Hélène... mais pas aussi brusquement. La semaine prochaine, à Treinte, nous parlerons encore.
... - La volonté d'une future vedette est sacrée, conclut M. Residore. Bidivert vous conduira où vous le désirerez et quand vous le désirerez.
... Gaspard prit congé. Il fut convenu qu'Hélène se rendrait à Treinte le samedi suivant dans l'après-midi, après quoi Emmanuel Residore donna l'ordre à Bidivert de ramener à Treinte M. Gaspard Fontarelle. A peine eut-il le temps d'y songer. Quand il retrouva Niklaas, la tristesse régnait au campement. Le vieux cheval s'était mis à tousser. Niklaas croyait à une bronchite.
... - Ces jours-ci, nous avons parcouru la région et nous avons joué dans les villages. Le cheval a dû être fatigué par les sacrées côtes qu'il y a dans ce pays.
... Enfin on demanda à Gaspard comment tout s'était passé. 
... - Très bien, répondit Gaspard. Hélène retrouvera Maman Jenny qui est une actrice, et elle va sans doute elle-même apprendre à jouer, grâce aux conseils de M. Residore.
... Niklaas ne fit aucun commentaire. Ce jour-là et les jours suivants, on ne put quitter Treinte, à cause du cheval qui toussait de plus en plus. Niklaas restait taciturne:
... - Nous retournerons sur notre bateau à Anvers, disait-il. Et toi, tu rejoindras ta tante à Lominval.
... - Je dois encore voir Hélène samedi prochain, répondit Gaspard.
... - Tu la reverras samedi prochain, et puis il faudra bien partir...

.................................................................................  à suivre  ...

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  • : Le blog de Alain LECLEF
  • : Ce blog est destiné à présenter un court-métrage cinéma autour d'Arthur Rimbaud et de Nina... Voilà donc une approche par divers poèmes, d'Arthur bien-sûr... mais aussi d'autres poètes proches de lui... comme Emile Nelligan... de Léo Ferré pour sa musique et ses mots... ainsi que divers articles, images et extraits musicaux... Une balade aussi bien-sûr en Abyssinie... pour essayer de comprendre... Merci aux futurs lecteurs...
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