7 mars 2010
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... Parfois le soir ou la nuit... de bizarres pensées nous viennent...
SOIRS HYPOCONDRIAQUES
Parfois je prends mon front blêmi
Sous des impulsions tragiques
Quand le clavecin a frémi,
Et que les lustres léthargiques
Plaquent leurs rayons sur mon deuil
Avec les sons noirs des musiques.
Et les pleurs mal cachés dans l'oeil
Je cours affolé par les chambres
Trouvant partout que triste accueil;
Et de grands froids glacent mes membres:
Je cherche à me suicider
Par vos soirs affreux, ô Décembres!
Anges maudits, veuillez m'aider!...
Emile Nelligan...
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6 mars 2010
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... Encore un peu de poésie de notre belle province...
SERENADE TRISTE...
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Comme des larmes d'or qui de mon coeur s'égouttent,
Feuilles de mes bonheurs, vous tombez toutes, toutes.
Vous tombez au jardin de rêve où je m'en vais,
Où je vais, les cheveux au vent des jours mauvais...
Vous tombez de l'intime arbre blanc, abattues
Ca et là, n'importe où, dans l'allée aux statues.
Couleur des jours anciens, de mes robes d'enfant,
Quand les grands vents d'automne ont sonné l'olifant.
Et vous tombez toujours, mêlant vos agonies,
Vous tombez, mariant, pâle, vos harmonies.
Vous avez chu dans l'aube au sillon des chemins;
Vous pleurez de mes yeux, vous tombez de mes mains.
Comme des larmes d'or qui de mon coeur s'égouttent,
Dans mes vingt ans déserts vous tombez toutes, toutes...
Emile Nelligan...
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5 mars 2010
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... Un peu de poésie éclaire le quotidien...
LE SAXE DE FAMILLE...
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Donc, ta voix de bronze est éteinte;
Te voilà muet à jamais!
L'heure plus ne vibre ou ne tinte
Dans la grand'salle que j'aimais,
Où je venais après l'étude,
Fumer le soir, rythmant des vers,
Où l'abris du monde pervers
Eternisait ma solitude.
Sur le buffet aux tons noircis
De chêne très ancien, ton ombre
Lamente-t-elle, Saxe sombre,
Toute une époque de soucis?...
Serait-ce qu'un chagrin qui tue
T'a harcelé comme un remords,
O grande horloge qui t'es tue
Depuis que les parents sont morts?...
Emile Nelligan
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4 mars 2010
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.... Un autre poème d'Emile Nelligan...
SUR UN PORTRAIT DU DANTE...
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C'est bien lui, ce visage au sourire inconnu,
Ce front noirci du hâle infernal de l'abîme,
Cet oeil où nage encor la vision sublime:
Le Dante incomparable et l'homme méconnu...
Ton âme herculéenne, on s'en est souvenu,
Loin des fourbes jaloux du sort de leur victime,
Sur les monts éternels où tu touchas la cime
A dû trouver la paix, ô Poète ingénu.
Sublime Alighieri, gardien des cimetières!
Le blason glorieux de tes oeuvres altières,
Au mur des Temps flamboie ineffaçable et fier.
Et tu vivras, ô Dante, autant que Dieu lui-même,
Car les Cieux ont appris aussi bien que l'Enfer
A balbutier les chants de ton divin Poème...
Emile Nelligan...
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... Un texte qu'Arthur aurait apprécié...
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3 mars 2010
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... Elle avait toujours dit: " Je partirai, un jour, pour ne pas encombrer ta vie... " Je n'avais pas prêté attention à cette réflexion, comme à d'autres d'ailleurs... J'avais 20 ans, pour tout bagage... Et la vie entière pour tuer le temps... J'allais donc vivre le quotidien à pleine bouche, sans me préoccuper de la douceur de l'habitude...
... J'avais sur le monde un regard détaché, absent... Ne m'encombrais nullement des dérives de l'humain. Je vivais du bonheur de ne pas envisager l'avenir...
... Elle, elle vivait dans cette angoisse permanente du lendemain, de l'enfant à venir, comme si cela tenait d'une obligation. J'avais du mal à suivre ce résonnement absurde. Je ne le suivais pas...
... Ainsi, un jour de Mai, alors que refleurissaient les lilas, elle est partie aimer ailleurs. En fait, enfanter ailleurs...
... Je ne l'ai pas retenue, enfin je crois...
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A une amoureuse...
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2 mars 2010
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Un auteur-compositeur belge disparu trop tôt... Un vrai, un pur comme il n'y en a plus...
Pierre RAPSAT... Bien à toi...
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1 mars 2010
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... Entre deux coupures suite à la tempête... Un texte... Une musique... Léo...
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26 février 2010
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... Un texte que l'on aurait pu attribuer à Arthur...
SOUS LES FAUNES...
Nous nous serrions, hagards, en silencieux gestes,
Aux flamboyants juins d'or, plein de relents, lassés,
Et tel, rêvassions-nous, longuement enlacés,
Par les grands soirs tombés, triomphalement prestes.
Debout au perron gris, clair-obscuré d'agrestes
Arbres évaporant des parfums opiacés,
Et d'où l'on constatait des marbres déplacés,
Gisant en leur orgueil de massives siestes.
Parfois, cloîtrés au fond des vieux kiosques proches,
Nous écoutions clamer des peuples fous de cloches
Dont les voix aux lointains se perdaient, toutes tues,
Et nos coeurs s'emplissaient toujours de vague émoi
Quand, devant l'oeil pierreux des funèbres statues
Nous nous serrions, hagards, ma Douleur morne et Moi...
Emile Nelligan...
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Lui-aussi a droit à son square...
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25 février 2010
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Comme tout se passe en ce moment du côté de Vancouver, un petit clin d'oeil de ce grand poète québécois... Emile Nelligan.
SOIR D'HIVER
Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu'est-ce que le spasme de vivre
A la douleur que j'ai, que j'ai.
Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire! Où-vis-je? Où vais-je?
Tous ses espoirs gisent gelés:
Je suis la nouvelle Norvège
D'où les blonds ciels s'en sont allés.
Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez oiseau de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.
Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu'est-ce que le spasme de vivre
A tout l'ennui que j'ai, que j'ai...
Emile Nelligan
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24 février 2010
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... Dernière page de ce Roman, il fallait aller jusqu'au bout, connaître enfin le Grand Pays...
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... Madame Fontarelle apparut au milieu de ces propos, sans que Charles Fontarelle les interrompit le moins du monde. Elle serra dans ses bras Gaspard qui voyait maintenant s'ouvrir une vie neuve. Voilà pourquoi Jenny répétait que dans le grand pays il fallait toujours attendre d'autres événements. Ce soir-là, bien que tous fussent à peu près d'accord pour continuer ensemble la route, elle répéta de nouveau:
... - Ce n'est pas tout.
... Hélène demande:
... - Qu'y-a-t-il encore?...
... Les jours et les semaines qui suivirent, on devait gagner le sud, et après les bouleaux, les chênes et les sorbiers, découvrir les arbres de Judée, les orangers, les oliviers et les palmiers. Enfin la mer...
... L'horizon du grand pays recule sans cesse au fond de l'espace et du temps. C'est le pays où l'on s'éloigne toujours ensemble, et l'on ne parvient en un lieu désert que pour en trouver d'autres plus beaux...
... Comment le théâtre se constitua, quelle fut la vie mouvementée de nos amis, nous l'apprendrons un jour. Ce qu'il y eut encore, selon les pressentiments de Jenny, ce fut que pendant le cheminement des longues routes on vit de plus en plus souvent Gaspard et Hélène qui marchaient côte à côte devant les voitures. Il devint sûr qu'ils resteraient unis toute leur vie...
... Jenny écrivit à M. Drapeur pour lui dire quel était le sort d'Hélène et quelle reconnaissance elle lui devait. L'homme répondit qu'il ne comprenait pas qu'Hélène eût abandonné la fortune pour une vie difficile et sans gloire. Gabrielle Berlicaut, quand elle connu l'histoire, déplora plus que jamais l'originalité du monde. Mais l'un et l'autre avouèrent plus d'une fois qu'ils restaient émerveillés...
*****
... En ces jours, en cet automne éblouissant des contrées du sud, Gaspard comprit donc l'éclat étrange des yeux d'Hélène, car lui-même, ainsi qu'elle le lui dit, eut cet éclat dans son regard. C'est sans doute le signe de l'étonnante et cruelle nostalgie qui fait désirer pour chacun une vie plus grande que les richesses, plus grande que les malheurs et que la vie même, et qui sépare en nous les pays que l'on a vus de ceux qu'on voudrait voir, Ardenne et Provence, Europe et Nouveau Continent, Grèce et Sibérie...
... Maman Jenny devait sans cesse répéter que ce n'était pas tout.
... - Ce n'est pas tout, clamait aussi M. Charles Fontarelle lorsqu'il s'adressait au public varié des villes en alignant des cravates sur ses avant-bras. Ce n'est pas tout, car il faut enchaîner avec la vie. Ne m'achetez pas une cravate, mais dix cravates, mais vingt cravates, et vous serez toujours sûr d'avoir une cravate à votre goût, même si vous avez choisi en dépit du bon sens. Et surtout, ajoutez à votre collection, pour le prix dérisoire et supplémentaire de soixante-quatorze francs, cette cravate lumineuse, étincelante et phosphorescente qui est la découverte du siècle, et où vous pouvez voir le soleil au milieu de la nuit et les étoiles en plein jour.
... Mais quelles que soient les aventures nouvelles qui nous attendent en compagnie d'un cheval pie traversé par la foudre, JAMAIS NOUS NE QUITTERONS LE GRAND PAYS...
... F I N ...
André DHOTEL... 1955
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" Je suis un poulain ardennais... "
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Peut-être iront-ils décrocher aussi la lune... Qui sait!!!...
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