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- Excusez-moi... dit-il de sa voix
apaisante. Un simple contre-temps. J'ai fait retenir une table dans cette auberge à la sortie de la ville. Vous voyez?... Vous devez, je crois, connaître bien l'endroit,
n'est-ce-pas?
... Elle répondit que oui bien sûr elle connaissait. Il continua:
-... Faites-vous
appeler un taxi, le barman est au courant...
... Il y eut un court silence puis, craignant de la trop brusquer, il ajouta:
-... Rassurez-vous
Camille... Tout ceci est très sérieux. Faites-moi confiance, voulez-vous?...
- Oui... dit-elle
sans trop réfléchir. Je vous fais confiance...
... Elle ne put s'empêcher de sourire. Une larme pourtant venait de glisser discrètement le long de sa joue. Elle soupira légèrement. Une joie intense montait en
elle qu'elle prenait déjà pour du plaisir. Elle souriait aux gens que tout-à-l'heure elle haïssait. Elle était heureuse et avait envie de le montrer. Son rêve continuait...
... Elle raccrocha, demanda sa note et un taxi. Puis elle alla récupérer son sac, ainsi que sa veste qu'elle posa négligemment sur ses épaules. Elle revint au bar
régler ses consommations mais s'entendit répondre qu'elle ne devait rien... Elle s'étonna, ne sut qui remercier, alors remercia tout le monde et sortit dans la rue. Elle n'eut à marcher que
quelques mètres jusqu'à la station où l'attendait son taxi. Lorsqu'elle indiqua l'adresse de l'auberge, le chauffeur eut un petit sourire en coin auquel Camille ne fit pas attention...
... Dans la voiture, elle s'installa confortablement et se détendit... A la radio, une chanson d'été accentua encore cette impression de rêve. Elle retrouvait
son adolescence et avec elle, l'insouciance de cette période de la vie. Elle allait à un premier rendez-vous. En ressentait la même impatience. Même la ville lui apparut particulièrement belle.
Les passants avaient des mines réjouies. Les filles avaient des robes courtes et les hommes des idées... Elle recoiffa ses cheveux blonds et chaussa de fines lunettes de soleil. Le conducteur
réglait souvent son rétroviseur...
... Sa course non plus elle ne régla pas. Elle ne put s'empêcher de rire cette fois. Elle pensa à un film qu'elle avait dû voir à seize ans, un film érotique.
Elle s'attendit à une réflexion du chauffeur mais celle-ci ne vint pas. Il était tout à son rétroviseur intérieur et regardait sans gêne les jambes parfaites de Camille. Il ne disait rien,
attendait elle ne savait trop quoi, qu'elle descende peut-être!!!... Ce qu'elle se décida à faire en prenant soin de dévoiler le plus haut possible ses cuisses, jusqu'au petit triangle de soie
noire. De quoi le faire baver durant tout le trajet retour... Ce goujat aurait pu sortir m'ouvrir la portière... se dit-elle naïvement. Elle claqua celle-ci violemment alors qu'il lui souhaitait
une bonne soirée...
... L'auberge, bien qu'à deux minutes de la ville, se trouvait en pleine forêt. Camille connaissait parfaitement la maison, les propriétaires étant des amis intimes
de ses parents. Elle avait toujours connu cette fermette. Avant ce n'était qu'un petit restaurant d'une vingtaine de couverts, à présent c'était une des meilleures cartes de la région ainsi qu'un
hôtel de charme très prisé pour son originalité et sa situation. Il n'était pas rare d'y rencontrer des artistes parisiens venus se mettre au vert quelque temps...
... Sous la tonnelle, des couples prenaient des apéritifs. Le temps semblait passer moins vite. Autrement. Avec une sorte de doigté. Des enfants faisaient de
la balançoire. Elle eut envie de les rejoindre...
.../... ( à suivre )